Gestion des accrus forestiers dans le lit de la Loire

Mis à jour le 26/09/2017
[Illustration 1]
© Illustration emboisement du lit de la Loire

Un constat d’emboisement du lit

Comme sur de nombreux grands cours d’eau, les activités humaines pratiquées sur la Loire et leurs évolutions ont eu, et continuent d’avoir, un impact important sur le fonctionnement du fleuve. Elles ont notamment favorisé le développement des accrus forestiers (« boisements intermédiaires entre les friches issues de l’abandon des terres cultivées et la forêt proprement dite »), que l’État doit désormais gérer.

Les différents ouvrages qui bloquent la dynamique fluviale de la Loire (endiguement, ouvrages de navigation, protections de berge, etc.) favorisent l’incision de son lit. Les extractions massives d’alluvions pendant la seconde moitié du 20ème siècle ont de plus accéléré cet enfoncement généralisé du lit de la Loire. Pour illustration, sur le secteur de Tours, le niveau d’eau moyen le plus bas s’est réduit de 2 mètres par rapport au début du 20ème siècle.

La Loire connaissant toujours depuis cette époque le même régime et les mêmes débits, cet enfoncement du lit a provoqué des écoulements moins fréquents dans les bras secondaires et un moindre transport des sédiments. Ces secteurs plus souvent hors d’eau ont alors connu un fort développement des accrus forestiers. Cette végétation ralentissant le courant, elle a favorisé le dépôt des sédiments, ce qui a encore amplifié le processus. La disparition d’usages historiques (navigation, production agricole) a de plus conduit à une diminution de l’entretien du lit et des berges. Malgré l’arrêt des extractions dans le lit mineur du fleuve depuis les années 90, cette dynamique d’incision du lit se poursuit encore aujourd’hui. Le fleuve continue de se transformer, passant d'un cours d'eau à chenaux multiples à une rivière à chenal unique (on parle de changement de style fluvial).

Avec la colonisation des bancs et chenaux secondaires de la Loire par la végétation, la réduction de la section où l’écoulement n’est pas freiné par la végétation (bande active) est très significative : le lit mineur s’est réduit de plus de 150 m de large sur certains sites.

Cette réduction de la bande active et la densification de la végétation réduisent les capacités d’écoulement du fleuve et le niveau d’eau en crue peut être significativement relevé, au niveau et en amont de la zone végétalisée. Plusieurs modélisations ont démontré qu’un fort développement de la végétation au sein du lit moyen de la Loire pourrait générer localement une rehausse de la ligne d’eau de plusieurs dizaines de centimètres.

 La rehausse de la ligne d’eau en cas de crue peut conduire à sur-inonder certains secteurs et à fragiliser les levées, ce qui augmente leur risque de rupture pour un même niveau de crue. La végétalisation et la sédimentation provoquent la formation de nouveaux bancs alluviaux et parfois des érosions de pieds de digues en rive opposée. Cette évolution du lit aggrave donc le risque d’inondation. Les enjeux sont extrêmement importants car 157 000 tourangeaux vivent aujourd’hui dans un val endigué, dont 130 000 dans le cœur de la métropole de Tours.

Par ailleurs, même si la végétation peut représenter un lieu d’habitat, de reproduction et d’alimentation pour certaines espèces, son développement peut également conduire à réduire les surfaces de milieux ouverts (bancs alluviaux, pelouses sableuses, annexes fluviales, etc.) accueillant les oiseaux de Loire. D’un point de vue paysager, le boisement du lit a également conduit à la diminution de vues dites « remarquables » sur les paysages emblématiques du Val de Loire, inscrit au patrimoine mondial de l’humanité UNESCO.

La nécessité d’une gestion adaptée

L’État, et plus particulièrement la Direction Départementale des Territoires, en tant que gestionnaire du domaine public fluvial, porte la responsabilité de l’entretien des cours d’eau domaniaux. Au regard des enjeux exposés au risque d’inondation par la Loire dans le département, il est nécessaire de freiner la dynamique de développement des accrus forestiers et de redonner au fleuve plus d’espace d’écoulement.

En complément de travaux très ciblés de restauration de bras secondaires menés depuis plusieurs années, la Direction Départementale des Territoires lance des opérations de déboisement élargies désormais à certaines parties de franc-bords et d’îles de la Loire en promouvant une approche équilibrée articulant prise en compte du risque inondation, protection de la biodiversité et valorisation du paysage et du territoire.

Au titre de la prise en compte de la biodiversité, une étude d’incidences de type Natura 2000 est réalisée en amont des interventions, ce qui permet d’intégrer des modalités minimisant les impacts sur les espèces et les habitats protégés. Les interventions respectent la période de nidification des oiseaux de Loire. Elles se font sur plusieurs îlots au sein de grands secteurs en évitant d’intervenir dans les habitats les plus propices à l’accueil de certaines espèces. De plus, des arbres remarquables et des rideaux de végétation sont préservés.

Au titre de la valorisation du paysage, les interventions peuvent cibler des secteurs où le développement des accrus forestiers a entraîné une fermeture importante des vues sur la Loire, créant une déconnexion entre le territoire et le fleuve. Ces interventions contribuent aussi à mettre en valeur le patrimoine bâti et naturel ligérien.

Une démarche d’intégration environnementale

L’intervention s’intègre dans un esprit écoresponsable en exploitant les produits de la coupe dans la production de granulats destinés aux chaudières biomasses.

Les opérations se font en concertation avec les différents partenaires intervenant sur le domaine public fluvial, en particulier des associations.

Les panneaux d’exposition ci-dessous détaillent et illustrent le phénomène et la démarche engagée.

Télécharger Panneau d'exposition : la Loire dans ses espaces PDF - 1,38 Mb - 21/07/2017
Télécharger Panneau d'exposition : une dynamique d'emboisement PDF - 1,89 Mb - 21/07/2017
Télécharger Panneau d'exposition : une gestion équilibrée et adaptée aux milieux PDF - 3,24 Mb - 21/07/2017

En septembre 2017 se déroulera la dernière phase de l'opération de l'île Bondésir à Montlouis-sur-Loire. Les travaux, débutés à l'automne 2016, avaient dû être interrompus en raison de la remontée du niveau de la Loire.

La plaquette ci-dessous explique les travaux menés à l'automne 2017 sur l'île de Bondésir :

Télécharger Plaquette travaux Bondésir 2017 PDF - 0,92 Mb - 08/09/2017